SON CADRE D’EXERCICE
UNE SITUATION INQUIÉTANTE
Le Décret de 1994 qui avait pour ambition d’installer l’intervention de l’architecte dans la société algérienne n’a pas eu les effets escomptés dans la mesure où il ne s’est accompagné de décrets d’application et de textes nécessaires,afin de mettre en œuvre des orientations claires et précises capables de traduire sur le terrain par des actes réels et idoines, l’architecture comme valeur culturelle fondamentale dans le développement et l’édification de la société.
Les Comités d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement Bâti (CAUEB) dont le D.E de 1994 prévoyait leur intervention à juste titre, en tant que assistants, consultants et experts, et tenaient par ailleurs les collectivités locales de les consulter pour l’élaboration des instruments d’urbanisme, n’ont pas été installés par la puissance publique en laissant tous ces secteurs en friche.
Ainsi, faute d’un minimum de réflexion et de sensibilité au site, notre territoire s’enlaide-t-il chaque jour de constructions médiocres, fermées au dialogue avec le site, étrangères à la culture du lieu,dont les entrées de villes ou les lotissements constituent l’une des illustrations les plus affligeantes.
Notre espace rural et urbain, tout comme notre patrimoine naturel et historique,se dégradent sans cesse, et cela depuis des décennies.
Dès lors, sous la pression et l’ « urgence » des besoins du développement , imprimées par les décideurs, les architectes, qui sont parmi les rares garants de ce rapport au site et à la culture,se sont vu « diminuer » du contenu d’une maîtrise d’œuvre responsable et durable, indispensable à ce dialogue entre le projet et son environnement.
Aujourd’hui, le secteur de l’architecture puliblique, pourtant exemplaire en matière de quantité et de diversité est menacé. La puissance publique participe à un mouvement de marchandisation, en confiant à des groupes étrangers du bâtiment le processus de conception et de réalisation ,de grands projets urbains,de villes nouvelles, d’ensembles touristiques d’affaires et d’autres infrastructures.
Aussi en matière d’urbanisme et d’aménagement, et en dépit de l’arsenal législatif et règlementaire qui protège l’environnement , les sites naturels, les sites et monuments historiques, et préconisent le développement durable ,les volets patrimoine et paysager passent à la trappe quand on constate que les décrets d’application n’existent pas et que les architectes ne sont pas consultés sur ces questions importantes. Il faut savoir que le lotissement, qu’il concerne l’habitation ou les activités, demeure toujours un des modes d’urbanisation majeurs dans notre pays. Alors que le lotissement fait la ville, il est souvent conçu au minima par des techniciens sans culture ni compétence architecturale, urbaine ou paysagère.
Dans cet immense désordre, nos concitoyens ne s’y retrouvent pas. Ils conservent une vision approximative, voire brouillée du métier de l’architecte.
Certes ils reconnaissent la qualité des prestations, rares soient-elles, mais ils ne se sentent pas concernés par cette valeur ajoutée qui s’identifie à leurs yeux à un surcoût ou à un luxe inabordable. L’image qu’ils se font de l’architecture est soit patrimoniale, soit monumentale. Dans la vie quotidienne, ils vivent souvent mal leur environnement qui leur paraît agressif et producteur de nuisances, et imaginent difficilement que l’architecture puisse améliorer leurs conditions de vie personnelle mais également celles de la collectivité.