LES GRANDS ENJEUX DE L’ARCHITECTURE

La situation de l’architecture en Algérie  ne peut  toutefois être appréhendée en dehors de  l’environnement maghrébin ,méditerranéen et mondial auquel elle se réfère dorénavant.Avec le rythme de développement accru que connaît notre pays, ces dernières années, compte tenu des besoins grandissants et de l’embellie financière,due intégralement aux ressources en hydrocarbures, la profession d’architecte s’internationalise, et se mondialise et l’adhésion à l’OMC sur les services représentent des nouveaux enjeux pour l’ensemble des professions libérales, et auxquels l’architecte algérien n’a pas été préparé, compte tenu de l’absence de vision des décideurs et  de la fermeture du champ culturel et professionnel.

L’ouverture des marchés et la libéralisation du commerce vont en effet introduire de nouvelles  donnes en termes de performance  de prestations  intellectuelles et des notions comme le service au consommateur,la concurrence et les garanties de qualité précisées par des normes et des qualifications. 

À L’ÉCHELLE DE LA PLANÈTE, LES PRÉOCCUPATIONS ENVIRONNEMENTALES 

Le sommet de Rio en 1992 a marqué une prise de conscience politique des risques environnementaux à l’échelle mondiale. C’est ainsi qu’est né le concept de “développement durable” qui se définit comme une réflexion sur le moyen et le long terme des conséquences de nos modes de vie et d’action actuels.

Une société se juge depuis toujours à travers la cohérence de ses constructions. C’est pourquoi la construction des années 2000 ne doit pas ignorer tout à la fois les limites physiques de la planète,les exigences sociales de populations urbaines en croissance exponentielle, les attentes en matière de sécurité et de confort, les contraintes de l’environnement et de l’économie. L’architecture est l’art d’intégrer des contraintes mais c’est aussi l’art de s’en affranchir. Le développement durable ajoute une problématique majeure, celle de trouver le meilleur compromis dans un lieu donné, à un moment donné pour concilier les impératifs de précaution et de protection environnementale,d’optimisation des besoins

sociaux, d’allocation pertinente des ressources. 

À L’ÉCHELLE DE LA MEDITERRANEE ET DU MAGHREB 

La Méditerranée, berceau millénaire de plusieurs  civilisations, dont celle des peuples musulmans marquant depuis plusieurs siècles notre pays,  est un espace géographique  de vieille culture architecturale et urbaine.

Le paysage rural et urbain y a été longuement  façonné et modifié par les hommes. Les colonisations par les pays européens n’ont pas réussi à effacer  cette longue sédimentation de civilisations qui fait la richesse de l’architecture  urbaine arabo-islamique.

L’architecture des médinas, des casbahs, des ksours et autres établissements humains existe dans sa diversité et sa richesse. Elle est profondément ancrée dans les sociétés  urbaines et dans celle de l’art arabo islamique.

Cet inestimable patrimoine historique et architectural, multicivilisationnel  nécessite aujourd’hui un regard et une attention particulière, des autorités et du citoyen, pour sa préservation et sa valorisation, dans un cadre d’identification et de positionnement durables de notre société, de nos forces vives et de notre intelligentsia, face aux défis du développement guidé par la mondialisation .

La déréglementation commerciale, et la concurrence internationale augmenteront, de part certains aspects sauvages induits ,faute de protection suffisante de l’exercice de la profession d’architecte en Algérie, les courses inégales à l’accès  aux commandes publiques des grands projets et diminueront de l’équité d’un  traitement approprié pour les architectes algériens,réduits à des rôles  seconds et asservis aux exigences d’efficacité et  de performances outre mesures. Ce qui entrainera  inévitablement des mutations profondes de la profession d’architecte. 

 Les architectes algériens doivent éxiger et attendre des pouvoirs publics qu’ils soutiennent leur action en faveur d’une profession sécurisée mais ouverte sur l’international afin de développer les synergies utiles et favorables à l’ épanouissement de l’architecture en  s’appuyant sur un haut niveau de formation, et sur une capacité de création et de service à la hauteur des enjeux collectifs et de la juste attente des utilisateurs.

La libéralisation des échanges avec l’extérieur  doit passer par le respect de la spécificité de  la prestation architecturale qui est une prestation intellectuelle avant d’être un service marchand.